Pour ses millions de lecteurs, c’est un cadeau de Noël avant l’heure: le maître du polar français Maxime Chattam publie « 8,2 secondes », son 32e roman. En s’appuyant sur deux héroïnes et deux cadres antinomiques, l’auteur nous livre un thriller dont il a le secret, où s’entremêlent l’amour et la mort, le surnaturel et le réel, l’intime et l’universel. Avec cette fois une dimension plus personnelle. Il nous explique pourquoi.
Tout d’abord, pouvez-vous expliquer à quoi fait référence le titre de votre livre, « 8,2 secondes » ?
MAXIME CHATTAM Quand deux personnes s’embrassent, le cerveau met 8,2 secondes pour analyser cette action du point de vue chimique et décider s’il secrète ou non les hormones de l’amour. Une autre théorie, « l’onde de la mort », explique que, quand on décède, le cerveau s’éteint toujours de la même manière, par un ultime sursaut d’un peu moins de dix secondes. Ce parallèle entre le temps de l’amour et le temps de la mort m’a paru être un bon sujet.

Cette dualité s’incarne d’ailleurs tout au long du roman…
Je raconte l’histoire de deux femmes qui ne se connaissent pas, qui n’ont a priori rien à voir, mais qui vont finir par se percuter. Constance, 50 ans, est partie se réfugier à la frontière canadienne pour affronter un deuil, et faire un premier bilan de son existence. May, 30 ans, flic à New York, est confrontée au vertige amoureux alors qu’elle enquête sur un tueur en série. Deux archétypes dans deux décors radicalement différents, entre la ville qui grouille et les grands espaces pleins de silence.
Avez-vous une recette pour fabriquer le suspense ?
Le thriller est une mécanique de précision, où l’on manipule des engrenages complexes. Il faut avoir une parfaite vision d’ensemble, maîtriser les alternances de rythmes, les personnages et, bien sûr, apporter une résolution crédible et satisfaisante.
Avec une pointe de surnaturel qui rappelle Stephen King…
Cela fait longtemps que j’assume de marcher dans ses pas. C’est une influence déterminante pour moi. Mais, au-delà de ça, je ne me voyais pas aborder la question de la mort et du deuil sans accorder une place au spirituel et aux mystères de l’après.
Ce livre possède une dimension particulière, comme s’il était plus personnel que les autres ?
J’ai ressenti le besoin de lâcher prise, de m’affranchir des codes du thriller pour assumer une porosité entre le récit et ce qui se cache à l’intérieur de moi. Je voulais aussi m’interroger intimement sur la vie, l’amour, la mort. C’est mon 32e roman, et je ne veux plus me planquer.
« 8,2 secondes », de Maxime Chattam, Albin Michel, 400 p., 22,90 euros.












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