« Faut même être terrassier pour que tout soit parfait ! » Sans faiblir, Jean Combazard enchaîne le plantage de piquets avec sa masse. Arrivé à 9h15 sur le stade municipal de Rebais (Seine-et-Marne) avec son épouse Jocelyne, l’homme de 65 ans a rejoint les employés municipaux qui les attendaient. Il reste quelques heures pour tout mettre en place, pourtant aucun signe de stress dans le brouillard du petit matin.
C’est une grande première, et c’est pour le Téléthon. Ce week-end, et dans le but de soutenir cette grande manifestation qui fêtera bientôt ses 40 ans en France, cette petite commune proche de Coulommiers sera le théâtre de l’Odyssée Resbacienne, plusieurs courses de chiens de traîneau comptant pour le championnat de France, catégorie Courses vertes. Dans cette activité, affiliée au ministère des sports, Jean Combazard, venu en voisin de Saint-Siméon, est une légende.
Début 2027, si tout va bien, il participera pour la 20e fois à la Grande Odyssée, une course internationale longue distance dans les Alpes qui réunit chaque année les meilleurs mushers (conducteurs) devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Dans la neige, donc, comme sur les cartes postales. Sauf qu’à Rebais, début décembre, il n’y a plus de neige depuis bien longtemps…
Husky et malamute
« C’est vrai, il y a de la terre, une surface que tous les conducteurs pratiquent à l’entraînement, précise le sexagénaire. Ceux qui sont en montagne font aussi comme tout le monde ! C’est ce qui différencie les courses vertes des courses neiges. » Les épreuves partent du stade avant de s’enfoncer dans les champs alentour jusqu’à Saint-Léger, avec des distances variant entre 3,3 et 10 km.
Au programme, ce samedi (dès 13 heures) et dimanche (10h30) : plus de 90 départs en canicross, trottinette, VTT, karts 3 et 4 roues, ainsi qu’une course Parasport en Joëlette, permettant à des personnes en situation de handicap de vivre une expérience sportive intense. Soit près de 80 mushers et environ 400 chiens de races nordiques (huskies, malamutes, groenlandais, samoyèdes, esquimaux du Groenland, laïkas de Iakoutie).

L’idée, limpide comme des yeux de husky, est sortie de sa niche il y a déjà quelques années : « On avait été invités avec Jocelyne et nos chiens à l’Ehpad de Saint-Aile pour présenter notre activité. Il y avait un petit film, puis les résidents ont approché les bêtes et les ont même caressés. Le maire (Benoît Carré, sans étiquette) était présent. On en a reparlé l’an passé mais c’était un peu tard. »
Les chiens « sautent dans tous les sens quand ils voient le harnais »
Il n’y aura bien entendu pas que de la compétition pour cette 39e édition du Téléthon. Les amoureux de la race canine, adultes et enfants, pourront approcher les bêtes en toute sécurité dans plusieurs activités, comme un tour de baptême (5 euros, dont 1 euro reversé au Téléthon) avec un musher professionnel, et des câlins avec les chiens (2 euros, 1 euro). Des buvettes et points de restauration seront installés sur les deux communes durant tout le week-end.
C’est également l’occasion de voir un grand champion qui depuis trente-cinq ans a développé une relation particulière avec ses bêtes. Dans son chenil qui jouxte son domicile, Jean Combazard n’a plus que 19 animaux âgés de 5 à 15 ans (retraités après 11 ans), alors qu’il en a compté le double au plus fort de sa popularité.
« On a toujours produit nos propres chiens, raconte fièrement l’ancien expert dans la restauration collective. Mon premier s’appelait Tête Blanche, en 1992. Toutes nos bêtes ont son pedigree dans le sang. » Plus généralement, tous ceux qui courent sous couvert de la FFPTC (la fédération française de pulka et traîneau à chiens) sont reconnus génétiquement par la Société centrale canine, qui dépend du ministère de l’Agriculture.
Pourtant, malgré la passion et le plaisir, le quadruple champion du monde a décidé de passer les rênes. Sa 20e Grande Odyssée sera la dernière étape d’une riche carrière en émotions. « Il faut savoir être raisonnable. Cela fait 3-4 ans que l’on en parle, il y a eu entre-temps une saillie accidentelle et c’est reparti pour un tour. Je ne veux pas que mes chiens partent à droite et à gauche. Ce sont des êtres vivants. On les aime, bien avant les résultats, et ils nous le rendent bien. Ils sautent dans tous les sens quand ils voient le harnais. » Il assure cependant rester dans l’organisation de courses. L’instinct, ça ne change jamais.












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