Ariana Grande, Meghan Trainor… Comment le changement physique des stars de Hollywood ravive les débats sur la minceur

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Sur TikTok, X ou encore Instagram, de nombreux internautes commentent, sans fard, les pertes de poids de stars du cinéma, de la musique ou de la télévision. Et craignent la promotion, contre leur volonté, de troubles du comportement alimentaire.

À l’écran, sur les tapis rouges, ou sur les réseaux... Sa silhouette est commentée, disséquée, analysée de près. Depuis plusieurs semaines, et après la sortie du deuxième volet du film « Wicked », une de ses stars, Ariana Grande, est la cible de nombreux commentaires intrigués, interrogateurs, voire critiques sur les réseaux sociaux. Le sujet ? Son poids, et son corps aux traits nettement plus fins depuis qu’elle a intégré le casting de la célèbre comédie musicale.

L’actrice de 32 ans n’est pas la seule star de Hollywood à s’être transformée physiquement, sous les regards de millions de fans ou simples spectateurs. L’actrice Cynthia Erivo, aussi à l’affiche de « Wicked », la chanteuse Meghan Trainor, ou encore l’humoriste Amy Schumer… Toutes affichent des pertes de poids qui ont radicalement changé leur apparence.

Des transformations qui, pour de nombreux internautes, signalent un retour fulgurant d’un culte de la minceur, voire de la maigreur dans la culture pop. Avec le risque d’une banalisation, en filigrane, des troubles du comportement alimentaire (TCA), notamment chez les jeunes.

Pas de féculents, du sucre une fois par mois

Si Ariana Grande est le visage de ce débat, ce n’est pas seulement à cause de son apparente maigreur dans le film « Wicked », où elle tient le premier rôle. La comédienne et chanteuse est en effet connue pour avoir partagé en détail ses habitudes alimentaires sur Tumblr, dans sa jeunesse.

« J’évite les féculents (pas de riz, de pommes de terre, de pâtes, de pain, de céréales), et les sucres (avec un jour de triche par mois parce que c’est bon pour l’esprit) », écrivait-elle dans une de ses publications, depuis archivée en ligne. Un régime strict, symptôme pour certains d’un trouble alimentaire persistant jusqu’à aujourd’hui.

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« En tant qu’ex-anorexique, je suis très frustrée de ce que je vois au sein du casting de Wicked », commente par exemple « Thriving With Hannah », une Tiktokeuse britannique suivie par 370 000 comptes.

Tout en racontant sa propre expérience de la maladie, elle dit se reconnaître dans le comportement d’Ariana Grande. Et s’inquiète de l’effet que peuvent causer des images de sa perte de poids, ainsi que celles de sa consœur Cynthia Erivo. « Elles sont dans des films destinés à des enfants très impressionnables, qui les voient comme des modèles », tonne-t-elle.

Ariana Grande conteste

Ariana Grande, elle, refuse de parler de son corps en détail. « Il y a une certaine aisance que nous ne devrions absolument pas avoir : celle de commenter l’apparence des autres, ce que nous pensons qu’il se passe en coulisses, ou leur santé », avait-elle déclaré lors d’une interview en 2024, pour la promotion du premier volet de « Wicked ». Un extrait que la jeune femme a repartagé samedi dernier sur Instagram, en guise de « rappel à tous » ses commentateurs.

Ces débats s’inscrivent dans un contexte sensible : celui de l’essoufflement du « body positivisme », un mouvement qui promouvait l’acceptation de tous les corps. Désormais, le culte de la minceur se réaffirme, avec l’essor du #SkinnyTok, où l’on partage des astuces dangereuses pour maigrir sur TikTok, et la banalisation de l’usage du semaglutide, un médicament antidiabétique permettant de maigrir rapidement. C’est d’ailleurs ce médicament qui a permis à la chanteuse Meghan Trainor ou l’humoriste Amy Schumer, qui ont longtemps revendiqué leurs formes, de perdre beaucoup de poids.

Bien que lointaines, ces images de corps nettement plus minces ont un effet, notamment sur les publics les plus jeunes, estiment des experts interrogés par Le Parisien. « L’adolescence, ça reste une période de vulnérabilité où on se compare énormément, où on se cherche. J’ai des patients qui se comparent aussi aux personnes qu’elles admirent sur les réseaux, et les stars en font partie », confie Carole Copti, diététicienne-nutritionniste. Le risque, pour cette spécialiste des TCA, c’est justement de « banaliser des signes » de la maladie, « comme la maigreur ».

L’influence de Lady Di

Ces stars amaigries, par essence, peuvent « être considérées comme des modèles », abonde le psychiatre Hugo Saoudi, également spécialiste des TCA. Mais le médecin l’admet : commenter les corps et l’apparence de ces célébrités est complexe. En principe, « on ne parle pas du corps des gens », car accabler ces stars peut « avoir un impact délétère » sur leur propre santé, tonne-t-il.

Il n’empêche : parler de ces troubles, de façon mesurée, peut permettre de sensibiliser le public, selon le membre de la membre de la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB). Encore plus lorsque c’est une vedette qui prend la parole. « Quelqu’un qui a souffert d’un trouble des conduites alimentaires et qui s’en est sorti par des soins adaptés, et qui possède une forme de savoir expérientiel du vécu de ce trouble, peut amener les gens à bénéficier de soins », nuance le soignant.

Il cite l’exemple de Lady Diana, qui s’est confiée sur sa propre boulimie au Royaume-Uni, dans les années 1990. « Le nombre d’appels de personnes souffrantes auprès des services de santé a explosé », rappelle Hugo Saoudi. Un aveu intime qui a donc servi, en parallèle, de catalyseur pour toute une génération.

La Fédération Française Anorexie Boulimie dispose d'une ligne téléphonique en cas d'interrogations au sujet des troubles des conduites alimentaires, joignable au 09 69 325 900. L'écoute est assurée par des psychologues, des associations de familles et d'usagers, ainsi que des médecins.

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