Dégâts sur la plateforme de lancement Soyouz MS-28 : pourquoi la Russie pourrait perdre ses vols habités depuis Baïkonour ?

Un vaisseau spatial russe Soyouz MS-28 avec à son bord deux cosmonautes russes et un astronaute de la Nasa s’est arrimé avec succès à la Station spatiale internationale jeudi soir, a annoncé l’agence spatiale russe Roscosmos.

Mais l’agence a ensuite indiqué que la rampe de lancement du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan avait subi des dommages lors du lancement. Elle a précisé que « ces dommages seraient rapidement réparés ». Jeudi soir, les agences de presse russes ont cité Roscosmos, qui a déclaré que le lancement s’était déroulé sans incident, mais que des dommages avaient été constatés après une inspection de la zone de lancement.

« Des dommages ont été détectés sur plusieurs éléments de la rampe de lancement. Une évaluation de l’état du complexe de lancement est en cours », ont déclaré les agences, citant Roscosmos. « Tous les éléments de réserve nécessaires sont disponibles pour le restaurer et les dommages seront très bientôt réparés », ont-ils essayé de rassurer.

La remise en état de la rampe de lancement pose question

Mais le doute anime les observateurs internationaux sur la réalité des dégâts qui pourraient bien plus importants que ceux indiqués par Moscou. Les observations en cours suggèrent que la plateforme d’accès de service s’est effondrée après l’incident, selon le site spécialisé Russian Space Web.

A priori, tout un pan de la « table de lancement » soit tombé à l’intérieur du système de lancement là où les flammes du système de propulsion envoient toutes leur puissance. Le « pad 31/6 » est le seul capable d’envoyer des cosmonautes vers l’ISS. Sur des images partagées sur les réseaux sociaux par des spécialistes, on devine en effet que le fond de la tranchée apparaît désormais désordonné et en mauvais état.

La remise en état de la rampe de lancement pose question. Certains experts comme Anatoly Zak, un bon connaisseur du programme spatial russe, évoque une période qui pourrait durer jusqu’à… deux ans ! Les réparations si elles duraient deux ans, laisseraient Moscou sans accès direct à l’espace pour une période indéterminée…

La station ISS coupée du monde ?

Plus qu’un caillou dans la chaussure de Vladimir Poutine dans le cadre de son offensive en Ukraine et sa communication « spatiale ». L’astrophysicien Scott Manley assure que « si les astronautes peuvent toujours accéder à l’ISS via SpaceX, le maintien de l’orbite et le contrôle d’attitude de l’ISS dépendent des vaisseaux spatiaux Progress qui utilisent cette plateforme », rappelle le site Numerama.

Dans un contexte spatial plus global c’est un problème non négligeable pour la Station spatiale internationale qui pourrait rencontrer des difficultés à rapatrier sur Terre ses actuels habitants et provoquer une solution de secours américaine d’urgence par du goût des autorités.

Les prochains lancements de vaisseaux spatiaux Soyouz et Progress sont d’ores et déjà compromis. Le vol du programme Progress, qui consiste à ravitailler l’ISS, dont le prochain tir (Progress MS-33) est attendu en théorie fin décembre, toujours depuis Baïkonour, soufre d’un risque d’annulation important.