Eure : le Vieux-Moulin, qui enjambe la Seine à Vernon, inscrit aux monuments historiques

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Quasiment tous les touristes qui ont franchi le pont Clémenceau à Vernon (Eure) en direction des jardins de Monet, à Giverny (Eure), ont aperçu le Vieux-Moulin juché au-dessus de la Seine, voire se sont arrêtés pour l’admirer. Ce bâtiment à colombages est, pour les habitants comme la municipalité, la porte d’entrée, pour ne pas dire l’étendard de la ville. Il vient d’être inscrit aux monuments historiques, après une longue et sinueuse histoire.

Le Vieux-Moulin a en effet été construit au XVIIe siècle sur une arche du pont médiéval en pierre bien plus ancien. Ce dernier a été inauguré en 1210, « sous Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie », précise Jean Baboux, historien amateur du cercle d’études vernonnais. « Quatre moulins à roue pendante qui fonctionnaient grâce à une crémaillère en fonction du niveau de la Seine pas encore chenalisée étaient installés sur le tablier. Ils ont servi jusqu’en 1849. »

Ce moulin est donc « le seul rescapé sur les vestiges du pont détruit plusieurs fois. Il a ensuite servi d’habitation, notamment à Jean Nouguès, meneur de revues parisiennes. Il l’a acheté en 1916, quand il fit installer sur les berges de la Seine une guinguette, la Marjoleine », continue l’historien local.

En 1930, à la disparition du meneur de revue, c’est au tour d’un journaliste new-yorkais, William Griffin, de le racheter et d’y installer un gardien. Les positions isolationnistes du journaliste dans les années 1930, puis son opposition à l’entrée en guerre des États-Unis en 1941, lui vaudront des démêlés avec la justice jusqu’à sa mort, en 1949.

« Il ne reviendra jamais à Vernon, mais le Vieux-Moulin a continué longtemps à lui appartenir. Au fil des années, il s’est dégradé jusqu’à quasiment tomber dans l’eau », regrette le passionné. « Le tribunal administratif a condamné le propriétaire à effectuer des travaux, mais c’est la commune qui a dû s’en charger entre 1978 et 1979. Un chantier de près d’un million de francs qui a duré jusqu’en 1982. Les descendants de William Griffin avaient alors 30 ans pour rembourser, mais ils n’ont jamais donné de nouvelles. »

« Cela donne aussi une légitimité à l’emblème de la ville »

Le préfet a alors nationalisé le moulin, qui a ensuite été racheté par Vernon en novembre 2011 pour 35 000 euros. « La majorité des Vernonnais voulaient qu’on le garde », complète le passionné.

Alors que le site proche qui comprend le château médiéval des Tourelles et les vestiges du pont, seuls éléments de cette qualité en basse-Seine, est classé, la ville a décidé de relancer en 2025 une demande d’inscription du Vieux-Moulin aux monuments historiques.

« C’était compliqué, car les services de l’État indiquaient que c’était une reconstitution. C’est vrai sur les parties basses, mais la structure et la charpente comprennent des bois anciens », nuance Jean Baboux. « Malgré cette réticence, la ville a obtenu quand même le classement. Maintenant, il est protégé. C’est bien ! On ne pourra jamais plus faire n’importe quoi avec ou à proximité. Cela donne aussi une légitimité à l’emblème de la ville. »

D’ailleurs, mis en valeur à l’extérieur, notamment grâce à la Seine à vélo qui passe dessous, le Vieux-Moulin « est une coquille vide. La municipalité n’a pas beaucoup de projets (consultée, elle n’a pas répondu à nos questions, NDLR). Nous pourrions y aménager une belle salle d’exposition. Une belle étape culturelle avant d’aller au musée des impressionnismes à Giverny. Seulement, cela nécessite une mise aux normes pour accueillir le public. C’est aux élus de prendre cette décision ».

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