Exacerbée par la campagne des élections municipales, la polémique ne cessait d’enfler à La Rochelle (Charente-Maritime). Près de 600 arbres devaient être abattus d’ici le 15 février au cœur du bois de la Faucherie, l’un des derniers poumons verts coincé entre l’agglomération rochelaise et la plaine céréalière d’Aunis. Appartenant aux membres d’une même famille, ce bois privé jouxte l’aéroport de La Rochelle – île de Ré. Contraints par la réglementation et pour « garantir la sécurité de l’espace aérien », ses dirigeants manœuvrent depuis des années pour couper ces arbres.
Opposées à cette coupe rase, plusieurs associations environnementales et citoyennes appellent à se mobiliser ce dimanche, dès 11 heures. Mais ce vendredi, Thibaut Guiraud, le maire (divers gauche) de La Rochelle, leur a (peut-être) coupé l’herbe sous le pied. L’élu affirme avoir obtenu un nouvel accord négocié avec la préfecture de la Charente-Maritime et le syndicat mixte aux commandes de l’aéroport. Seuls 129 arbres seraient désormais abattus par les fonctionnaires de l’ONF (Office national des forêts).
Ce chiffre correspond en réalité aux projections initiales figurant dans un accord signé entre l’aéroport et les propriétaires du bois en 2024. Mais au printemps dernier, l’ONF avait actualisé l’inventaire et conclu à la nécessité d’abattre près de 600 arbres. Rétropédalage, donc.
Un véritable refuge pour la faune
Il faut dire que cette perspective a crispé comme jamais bon nombre de Rochelais. Le 27 octobre, la préfecture de la Charente-Maritime a signé en catimini un arrêté autorisant l’abattage de ces 600 arbres et la destruction d’habitats d’espèces protégées. Véritable refuge, le bois de la Faucherie abrite des coléoptères, des chauves-souris, le loriot d’Europe et des oiseaux devenus rares dans le secteur.
En guise de consolation, l’abattage des arbres se double d’une « zone de compensation », un champ tout proche où serait planté un nouvel arbre pour chaque souche arrachée. Inacceptable pour les militants écologistes : « La compensation mettra 50 ans à produire ses effets ! La faune et la flore se développent sur des arbres anciens, pas sur des jeunes », souligne Belinda Revillon, la présidente de l’association Ciel Vert qui réclame « des alternatives » et « une contre-expertise ».
L’opposition « attend de voir avant de se réjouir »
Selon Thibaut Guiraud, ce vendredi, le nombre d’arbres plantés sera finalement porté à cinq pour chaque arbre abattu. À ces conditions, le maire de La Rochelle validera le nouveau plan de l’aéroport. L’élu (et probable candidat aux municipales) parle d’une « victoire », d’une « solution équilibrée » et se réjouit de « ne pas avoir cédé aux pressions de l’aéroport et des autres candidats aux municipales ». Hasard du calendrier, Thibaut Guiraud s’apprête à célébrer les avancées du projet « Territoire Zéro Carbone » visant à atteindre la neutralité des émissions de CO2 d’ici 2040, à La Rochelle.
Conseiller municipal écologiste siégeant dans l’opposition, Jean-Marc Soubeste se dit « très surpris par ce revirement » et « attend de voir avant de se réjouir ». Selon lui, la mobilisation reste d’actualité : « Des milliers d’avions ont atterri à La Rochelle sans le moindre problème, y compris celui du président de la République. Si le fort Boyard se trouvait là, personne ne dirait rien. Mais puisqu’il s’agit d’un patrimoine vivant, il est possible de le détruire ? Ça n’est pas acceptable ».












English (US) ·