À cette époque de l’année, c’est normalement la règle : il faut être chaudement habillé pour travailler sur les plateaux du Morvan, royaume s’il en est des sapins de Noël. Sauf que la saison dernière, le réchauffement climatique a eu des effets inattendus jusque dans les sapinières. « Il a fait très chaud, très tard, après une longue période de sécheresse. Forcément la nature n’a pas aimé et les sapins ont souffert », souffle Frédéric Naudet, l’homme fort des sapins de Noël « made in Morvan », dont le siège est établi à Planchez (Nièvre).
L’entreprise, dont Frédéric Naudet vient de passer les manettes à son fils Martin, pèse pour 350 000 sapins de Noël, soit près d’un quart de la production morvandelle. En 2024, les beaux sapins qui font briller les yeux des enfants avaient donc souffert. « Alors on a décidé de s’adapter », explique Frédéric Naudet. Habituellement le plus gros des livraisons avait lieu avant le dernier week-end de novembre et même une semaine avant. Cette année nous avons convaincu nos clients de la grande distribution de décaler le lancement des ventes à début décembre, pour qu’ils puissent commercialiser de beaux sapins jusqu’à Noël ! »
Des coquilles d’œufs au pied des sapins pour éviter les engrais
En clair, ce n’est pas parce que les grandes chaînes de magasins de jouets ou la grande distribution, cherchent à vendre toujours plus tôt les jouets de Noël, qu’il faut livrer toujours plus tôt les sapins. « Nos clients ont parfaitement compris que c’était aussi important pour eux de rester sur de beaux sapins », glisse Martin Naudet. Avec son père, ils ne sont pas les derniers à sourire du retour à des valeurs sûres du côté des consommateurs.
« Pour nous, le marché est plutôt stable. Les sapins en plastique made in China ne sont plus tendance. Les familles reviennent au bon vieux sapin. Et c’est le plus écologique car je rappelle que le sapin, qui pousse très vite, capte un maximum de CO2 », sourit Frédéric Naudet. L’entreprise familiale s’inscrit depuis longtemps dans des démarches vertueuses. Ainsi, pour éviter de nourrir les sols des sapinières avec des engrais, l’entreprise Naudet, comme d’autres producteurs, se fournit auprès de la SOCOVO, une casserie d’œufs à Sanvignes (Saône-et-Loire), afin d’épandre des coquilles d’œufs broyées sur les parcelles. « C’est excellent pour la santé des sols et pour nos sapins ! »
Un réflexe salutaire mis en avant et manifestement apprécié dans le dossier qui doit conduire le sapin de Noël du Morvan à obtenir une IGP (Inscription géographique protégée) en 2026. Le décret est attendu dans les toutes prochaines semaines. De quoi renforcer la bonne réputation de cet arbuste de saison et naturel qui a un vrai poids économique dans le Morvan et dans les régions où il est produit. « On multiplie les emplois par 10 à partir de début novembre et la coupe des grands sapins », met en avant Martin Naudet. La Bourgogne est la première région pour la production de douglas et la seconde pour le chêne.












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