Le sommeil a été de courte durée pour les équipes d’ArianeGroup : dans la nuit de jeudi et vendredi, elles ont suivi le premier lancement, depuis le centre d’essais de missiles de Biscarosse (Landes), de SyLEx, pour « Système de lancement d’expériences ». Il s’agit d’une fusée-sonde, un type d’engin capable, pour un budget assez limité, de transporter des objets jusqu’à une haute altitude et de mener des expériences, à des fins civiles ou militaires.
Lors d’un vol suborbital, c’est-à-dire à une vitesse qui ne permet pas de se placer en orbite, une fusée-sonde peut réaliser des mesures pour la météo, prendre des images de la Terre, tester la robustesse d’un objet soumis à de fortes températures en descendant dans l’atmosphère ou le comportement d’un autre en apesanteur.
Une fois pleinement opérationnel, SyLEx « permettra entre autres de mener des expériences de type rentrée atmosphérique ou microgravité », confirme ArianeGroup, dans un communiqué publié vendredi matin. L’acteur européen du spatial précise au Parisien que SyLEx pourrait également servir au « test d’équipements avioniques ». Il pourra emporter des charges de 600 kg et atteindre une altitude comprise entre 200 et 400 kilomètres.
Bientôt avec un planeur hypersonique ?
Pour l’heure, il s’agissait de valider le système dans une version mono-étage et sa base de lancement dédiée. L’acteur européen du spatial indique déjà travailler à sa version bi-étage.
Dans le domaine militaire, la version bi-étage pourrait notamment servir à lancer le V-MAX, un planeur hypersonique dont la vitesse pourrait évoluer à plus de Mach 5. L’engin est dessiné pour rebondir sur les hautes couches de l’atmosphère et ainsi gagner en portée, donc en vitesse, afin d’atteindre leur cible rapidement.
Après un premier vol d’essai effectué avec l’aide d’une fusée-sonde américaine en 2023, un second vol est prévu pour pousser plus loin ses capacités, comme le précise ArianeGroup au Parisien.
Dépendant de la météo
Connu notamment pour son lanceur lourd Ariane 6, ArianeGroup développe aussi des engins de défense. SyLEx aurait ainsi été mis au point en moins de trois ans pour le compte de la Direction générale de l’Armement (DGA) qui gère le centre de Biscarosse. Cette direction du ministère des Armées se félicite d’ailleurs, dans un communiqué, de ce premier vol qui a permis de valider « l’étape critique du décollage ».
« La confiance renouvelée de la DGA envers le savoir-faire d’ArianeGroup permet d’assurer l’autonomie et la souveraineté française en matière de lancement suborbital », affirme Vincent Pery, directeur des programmes défense chez ArianeGroup, dans le communiqué, lequel explique que SyLEx s’adresse au « marché européen ».
La fusée-sonde n’étant pas pilotée, sa trajectoire ne peut être corrigée après le décollage. Ce premier lancement de SyLEx, comme les suivants, était donc fortement dépendant des conditions météo, en particulier du vent, pour pouvoir, en cas de problème, détruire la fusée sans poser de risque de sécurité. La DGA conclut d’ailleurs son communiqué en disant que « la sécurité du système ainsi que celle des personnes et des biens ont été garantis durant la réalisation de ce tir ».












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