« Une nouvelle ère d’innovation » : ce que l’on sait de la « Mission Genesis », l’ambitieux projet d’IA lancé par Donald Trump

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Pour doubler la Chine dans la course à l’intelligence artificielle (IA), les États-Unis ambitionnent de passer à la vitesse supérieure. Donald Trump a pris lundi un décret visant à démultiplier les capacités du gouvernement américain en matière d’IA pour accélérer la recherche et les découvertes scientifiques.

En quoi consiste le projet ?

La Mission Genesis, de son nom de code, doit aboutir à la création d’une plate-forme à même de puiser, grâce à l’IA, dans l’ensemble des données scientifiques de la recherche publique dans les domaines des sciences, de l’ingénierie, de l’énergie et de la santé — provenant donc du gouvernement fédéral — mais aussi des universités et du secteur privé, selon CBS News.

Cet espace permettra de développer de nouveaux modèles d’intelligence artificielle, d’automatiser certaines phases de la recherche et de tester de nouvelles hypothèses, indique le décret publié sur le site de la Maison-Blanche. Washington espère ainsi des avancées plus rapides dans la recherche, notamment en termes de thérapies contre les maladies.

« La Mission Genesis utilisera l’IA pour automatiser la conception des expériences, accélérer les simulations et générer des modèles de protection pour des phénomènes allant du repliement des protéines à la dynamique des plasmas de fusion », a détaillé Michael Krastios, conseiller scientifique du président, promettant une réduction des délais de découverte « de plusieurs années à quelques jours, voire quelques heures ».

Avec quels moyens ?

Sollicitée quant aux moyens alloués à cette initiative, la Maison-Blanche n’a pas donné suite. Les responsables de l’administration ont toutefois présenté le projet comme la plus importante mobilisation de ressources scientifiques fédérales depuis le programme spatial Apollo, qui a permis d’envoyer pour la première fois des hommes sur la Lune dans les années 1960.

Un haut responsable américain a confirmé à CBS que l’administration mobilisera toutes les ressources disponibles et, avec l’aide du Congrès, « continuera d’investir des sommes croissantes pour la réussite de la mission ».

Et quels partenaires ?

Le gouvernement entend bien collaborer avec le secteur privé pour mener à bien ce chantier. Lors d’un point de presse téléphonique, le ministre de l’Énergie, Chris Wright, a mentionné les géants des puces électroniques Nvidia et AMD, ainsi que les acteurs de l’informatique à distance (cloud) Dell et Hewlett Packard Enterprise (HPE) comme partenaires du projet. « Beaucoup d’autres vont les rejoindre », a-t-il assuré.

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Lundi, Amazon Web Services (AWS), filiale d’Amazon, a indiqué qu’elle investirait jusqu’à 50 milliards de dollars dans des centres de données spécialisés en IA et super-ordinateurs dont l’utilisation sera réservée au gouvernement américain. Interrogée quant à un lien entre cette annonce et la Mission Genesis, la Maison-Blanche n’a pas donné suite.

Ces partenariats avec les géants de la tech visent à accroître les ressources de super-calcul des laboratoires, a indiqué un haut responsable de l’administration à Bloomberg. Outre la mutualisation des données entre laboratoires et agences gouvernementales, la Mission Genesis repose ainsi sur le déploiement d’infrastructures majeures de cloud pour offrir aux utilisateurs de la plate-forme la puissance de calcul adéquate.

Ces centres de données ne peuvent être construits que par des opérateurs privés, le gouvernement ne maîtrisant pas cette technologie.

Qui pour mener le projet ?

La conduite du projet a été confiée au ministre de l’Énergie, sous l’autorité duquel sont déjà placés les laboratoires nationaux, des centres de recherche dont le fameux Los Alamos National Laboratory, au rôle central dans la mise au point de la première bombe atomique.

Le directeur exécutif de la Mission Genesis sera Dario Gil, ancien cadre dirigeant d’IBM et aujourd’hui sous-secrétaire à l’Énergie en charge de la science. Pour Chris Wright, l’accès à ces ressources IA pourrait mener à la découverte de nouvelles sources d’énergie et à « des avancées incroyables dans le domaine des sciences du vivant ».

La plate-forme créée dans le cadre de la Mission Genesis a vocation, à long terme, à profiter à l’ensemble des entités de recherche du gouvernement fédéral, et pas uniquement au ministère de l’Énergie.

Quel coût énergétique ?

Ces immenses centres de données utilisés pour l’entraînement et l’utilisation des modèles IA figurent parmi les principaux facteurs de la hausse de la demande en énergie et de l’explosion des factures d’électricité aux États-Unis, un enjeu central des dernières élections politiques.

Chris Wright a assuré que l’IA pouvait permettre de réduire ces coûts. « Il s’agit d’accroître la production d’énergie, de rendre notre réseau électrique plus efficace et d’inverser la hausse des prix qui a exaspéré les citoyens américains », a-t-il défendu. Et d’ajouter, promettant des créations d’emplois : « L’objectif ultime est d’améliorer la vie des citoyens américains. »

Un enjeu géopolitique

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump met régulièrement en avant le potentiel stratégique de l’intelligence artificielle, qu’il considère comme une priorité majeure de son administration. Déterminé à positionner les États-Unis en tête de la compétition mondiale face à la Chine particulièrement, il a multiplié les initiatives en ce sens.

À travers une série de décrets, l’ancien président a cherché à assouplir le cadre réglementaire afin de faciliter le déploiement d’infrastructures dédiées à l’IA, de soutenir l’alimentation des centres de données par les entreprises et d’élargir l’accès des pays alliés aux matériels et logiciels clés.

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