"Vladimir Poutine savoure la situation" : les négociations sur l’Ukraine vues de l’étranger

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Alors que les négociateurs américains font depuis plusieurs jours des allers-retours entre Vladimir Poutine et les équipes ukrainiennes, de New York à Londres, les analyses de la presse anglophone semblent converger vers une conclusion : les pourparlers de paix pilotés depuis Washington butent surtout sur Vladimir Poutine, tandis que la Maison-Blanche de Donald Trump fait face à des choix qui pourraient laisser l’Ukraine encore plus isolée.

Le New York Times rappelle d’abord l’échec du calendrier fixé par Donald Trump : "Le président voulait que Moscou et Kiev parviennent à un accord d’ici Thanksgiving". Un ultimatum politique qui s’est rapidement heurté à la réalité d’un Kremlin inflexible et d’une Ukraine incapable d’accepter les concessions exigées, concernant notamment certains des territoires actuellement occupés par les troupes russes, que les deux camps refusent de céder.

Résultat : Donald Trump se retrouve "face à un ensemble de choix difficiles, mais familiers", estime le quotidien américain. Celui-ci évoque un dilemme désormais assumé à Washington : faire pression sur Kiev ou reconnaître l’échec d’une stratégie menée à marche forcée. Après une rencontre organisée mardi à Moscou entre Steve Witkoff, Jared Kushner et Vladimir Poutine, considérée par beaucoup comme un échec, une délégation ukrainienne retrouve ce jeudi 4 décembre les négociateurs de Donald Trump, faisant tout de même subsister l’espoir d’un certain progrès.

Quelle que soit l’issue, il semble désormais clair que Donald Trump "devra attendre — peut-être des semaines, peut-être même au-delà du quatrième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février" juge le New York Times.

L’obstacle, c’est Poutine

Pour CNN, l’équation est encore plus simple. "Vladimir Poutine ne veut pas d’accord, et le fait qu’on le supplie d’en envisager un est pour lui une situation qu’il savoure" estime la chaîne de télévision progressiste américaine.

Même constat sans détour pour le quotidien britannique The Guardian, pour qui la possibilité d’un accord de paix se heurte à "un obstacle inévitable et insoluble : Poutine lui-même". Le quotidien britannique estime que la rencontre à Moscou n’a servi qu’à réitérer les exigences russes, en attendant que le rapport de force politique américain évolue au profit de la Russie. Avant de critiquer la diplomatie parallèle menée par des proches de Donald Trump. "Poutine ne veut pas voir Witkoff venir à Moscou pour mener ces discussions" pointe le média, relevant l’irritation du Kremlin face à une négociation menée par des "dealmakers" sans légitimité institutionnelle.

CNN détaille également les conséquences pour l’Ukraine. "On ne peut pas sous-estimer les dégâts causés au moral ukrainien", rappelle le média, soulignant qu’entre sanctions fluctuantes, menaces de couper l’aide militaire et déclarations contradictoires, Washington mine la résilience d’un pays déjà épuisé après quatre années de conflit.

La menace de l’échec américain

"Donald Trump est pris entre le marteau et l’enclume" tranche quant à lui The Telegraph, qui décrit un président acculé. D’un côté, par une Russie inflexible, et de l’autre par une Ukraine soutenue par des Européens qui refusent les concessions envisagées par Washington. Et de décrire un scénario que redoutent les Européens : "Il existe une réelle possibilité que Donald Trump décide de se retirer du cœur des négociations de paix et de se laver les mains de la guerre", pour se recentrer sur ses priorités intérieures ou sur d’autres dossiers internationaux, juge le journal.

Dans les médias anglophones, un même diagnostic se dessine donc : le Kremlin dicte fermement le tempo des négociations, convaincu que le temps joue en sa faveur, tandis que l’Ukraine paie le prix de l’imprévisibilité américaine et des signaux contradictoires envoyés par la Maison-Blanche. Donald Trump, qui cherche une victoire rapide à afficher, voit au contraire s’éloigner la perspective d’un accord.

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